







© Credits photo : Nicolas Brasseur
Bremond Capela a le plaisir de présenter la première exposition personnelle en France de l’artiste Fran Chang, intitulée Hear the Wind Sing. Dans cette nouvelle série d’œuvres sur soie, Fran Chang explore les espaces désertés, silencieux, mais habités, traversés par des forces invisibles.
Ce rapport singulier au monde s’ancre dans l’histoire personnelle de Fran Chang. Née au Brésil dans une famille immigrée taïwanaise, l’artiste, puise dans cette expérience du décalage culturel et perceptif et en fait une source constante de création. Pour elle, voir autrement n’est pas une posture, mais une condition de l’existence. Elle compose ses tableaux à partir de sensations, de fragments de mémoire, de récits épars. Chaque œuvre devient alors un lieu de résonance, une tentative d’écouter le monde pour mieux l’habiter.
Hear the Wind Sing prend son origine dans une anecdote intime : celle d’une amie lui racontant comment son grand-père aimait écouter le vent le soir à la fenêtre. Cette attention à ce qui est là et ce qui ne l’est pas, s’est imposée comme un fil conducteur dans son travail. Le vent, au cœur de cette exposition, agit comme métaphore subtile de transformation : il soulève, déplace, féconde, efface, mais demeure complètement invisible. Ce titre, emprunté au premier roman de Haruki Murakami, incarne ce besoin de s’ancrer dans des éléments simples :
La manière dont nous vivons le temps, la mémoire et les pertes du quotidien : la vie ne s’organise pas en réponses claires ni en événements définis, mais plutôt en petits instants déconnectés, souvent silencieux. Une écoute attentive — du monde et de soi — devient un moyen de rester présent face à l’incertitude.
Cette recherche prend forme dans une pratique picturale à la fois radicale et délicate. Fran Chang peint sur de la soie, un matériau transmis par sa mère, passionnée de couture. Symbole de mémoire et d’identité, la soie devient un support exigent : son extrême finesse ne tolère aucun repentir, chaque geste y est définitif. Le pigment y circule librement, à la manière du vent, tissant des paysages épurés, souvent traversés par des signes ténus: pierres, ciel, fragments de glace, où le silence devient langage.
J’ai l’impression de raconter une histoire, mais une histoire qui se déploie lentement, comme la vie elle-même : sans hâte, sans contours nets de début, de milieu ou de fin. Au départ, lorsque j’ai compris que la solitude était essentielle, non seulement comme état, mais comme espace où élaborer qui je suis, mes paysages ont reflété ce silence. Ils portaient une austérité délibérée : presque rien, hormis sable, pierres, ciel, quelques glaciers. C’était comme si le vide m’offrait exactement ce dont j’avais besoin pour penser.
Avec Hear the Wind Sing, Fran Chang livre une exposition en prise directe avec un environnement à la fois tangible et mystérieux. L’artiste nous ouvre les portes d’un monde transfiguré — balayé par le vent, où chaque fragment incarne un rêve en suspens.
Fran Chang (née en 1990, à Polos de Caldas, Brésil, vit et travaille à Sao Paulo, Brésil) est titulaire d’une licence en arts visuels. Elle est également titulaire d’une extension académique en astrophysique et astronautique de l’Université fédérale de Santa Catarina.
Ses œuvres font partie des collections du Saint Louis Art Museum, à St. Louis, aux États-Unis, et du Museu de Arte do Rio, à Rio de Janeiro, au Brésil. En 2020, elle a reçu le prix public Arte como Respiro d’Itaú Cultural.